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L'écervelé - Des livres pas comme les autres !
15 avril 2012

PLANETARY // Warren Ellis & John Cassaday

IMG_0908La série Planetary, écrite par Warren Ellis et dessinée par John Cassaday, n'est pas ce qu'elle semble être. Planetary, c'est une organisation secrète qui sauve le monde régulièrement mais dans le plus grand secret. Planetary, c'est trois personnes : Jakita Wagner, dure à cuire surpuissante qui s'emmerde dès qu'elle n'a personne à qui donner des gnons, le Batteur, ado attardé qui dialogue avec les machines et capte tous les flux d'information, et Elijah Snow, enfant du vingtième siècle capable de geler n'importe quel fluide, tous trois dirigés par le mystérieux quatrième homme. Ils interviennent dans l'espace, dans des réalités alternatives, ou en pleine ville, mais les problèmes qu'ils règlent restent toujours cachés, pour ne pas bouleverser la face du monde. Leur ennemi ? Les Quatre, ces scientifiques partis dans l'espace avant l'heure, transformés pas leur voyage.

La série n'est pas ce qu'elle semble être, donc. Dans les deux premiers volumes, se succèdent les chapitres comme autant d'histoires courtes a priori sans lien. Ce qui permet au scénariste de rendre hommage à toute la culture populaire du vingtième siècle, des polars hong-kongais aux films d'arts martiaux, en passant par les romans feuilletons, les séries B de science-fiction ou les films d'actions américains. Warren Ellis rend même hommage au comic-books, à ses propres comic-books, à travers une excellente histoire mettant en scène un pseudo Constantine, sorte d'esprit londonien des années 90, qui se transformera en Spider Jerusalem pour le changement de millénaire. La mise en abîme va plus loin lorsque apparaît la Planète Fiction, une histoire aux rouages tellement complexes qu'elle en devient autonome, créée par les Quatre, leur servant de réservoir à horreurs. Les univers parallèles, véritable obsession de l'auteur, sont régulièrement évoqués, parfois dans un jargon scientifique obscure qui confère un aspect geek à la série mais ne nuit jamais à la lecture. Dans sa réflexion sur les réalités et la fiction, le scénariste considère cette dernière comme un autre possible, une véritable réalité alternative, amenant le lecteur à réfléchir sur ce qui différencie la vraie vie de la fiction, si tant est qu'il y ait une différence...

Puis arrive la fin du second tome, où l'identité du quatrième homme est dévoilée. Une intrigue de fond d'envergure se met alors en place. Chaque aventure précédemment relatée avait en fait son importance pour la suite, et le lecteur va progressivement découvrir l'histoire de l'organisation et de ses membres, même si l'hommage perdure en filigrane.

Le dessin de John Cassaday, d'un réalisme photographique, s'affine rapidement et devient un véritable atout pour cette série. Tantôt épuré, tantôt ultra-détaillé, le trait s'adapte pour mieux servir le propos, à l'image du découpage qui varie selon le genre auxquels les auteurs souhaitent rendre hommage. Même la coloriste varie ses techniques selon les ambiances.

Un comic-book marquant, même pour les non-amateurs de SF, un divertissement qui amène à réfléchir sur ce qu'est la réalité et sur l'importance et le pouvoir du conte.

 

Landry NOBLET

IMG_0909

 

Planetary (5 volumes), Warren Ellis (scénario), John Cassaday (dessin), Laura Depuy & Laura Martin (couleurs), traduit de l'anglais par Alex Nikolavitch (t. 1 & 2) & Jérémy Manesse (t. 3 à 5), 102 à 186 p., Semic (t. 1 & 2) & Panini Comics (t. 3 à 5), 2004 à 2011.

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Commentaires
V
Planetary, ou comment regarder le monde...dans le monde.<br /> <br /> <br /> <br /> Warren Ellis toujours en grande forme, lance Authority et Planetary durant la même période. Authority elle, est pensée comme une série super-héroïque en tant que force agissante avec des personnages radicaux qui privilégient l'action à la reflexion. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour Planetary, l'auteur adopte une vision inverse. Il pense la série plutôt comme une bande d'archéologues de l'étrange, qui viennent sur les lieux, prennent des indices et rapportent les faits afin de comprendre ou de résoudre des affaires mystérieuses. <br /> <br /> <br /> <br /> La bd débute avec le recrutement d'Elijah Snow, personnage central et guide de la série qui est embauché en plein milieu du désert dans un resto-route par Jakita Wagner. Surgit de nulle-part, la belle explique au sieur Snow qu'elle fait partit d'une organisation secrète et officie dans les "strates" les plus confidentielles. Un groupe qui enquête sur les affaires étranges du monde et qui les répertorie de manière à établir une carte planétaire.<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà comment tout débute. Et Snow ne sera pas au bout de ses surprises puisqu'il fera la connaissance du Batteur (un homme qui parle aux machines et traite directement avec les informations) et Jakita douée d'une force surhumaine et quasi-indestructible, afin de compléter cette équipe d'explorateurs constituer par le mystérieux quatrième homme. Ce mécène n'est autre que la tête pensante de l'organisation et dispose de fonds illimités et détient des bureaux sur toute la planète afin que son "personnel" puisse enquêter tout de suite.<br /> <br /> <br /> <br /> Notre trio aura affaire à un super être enfermé dans un sous-terrain gardant une porte afin d'éviter une invasion, une île aux monstres façon Godzilla, un flic fantôme esprit vengeur, une vaisseau vivant et pensant. La découverte d'une autre équipe, de la mort d'un détective de l'occulte. Du destin du prédécesseur de Snow, d'un espion, de copies avouées de Superman, Wonder-Woman et de Green-Lantern.<br /> <br /> <br /> <br /> Tout cela ne couvre que les deux premiers volumes de la série, Ellis construit ses récits de manière autonome, chaque histoire ne dure vingt-deux pages soit un épisode et peu aisément se lire de manière indépendante. Les auteurs rendent hommage et actualisent tout un pan de la culture "pop", partant des vieux héros pulp des années 30. En passant par les cinémas de monstres et de John Woo pour le troisième épisode gunfight du flic fantôme. <br /> <br /> Le scénariste se permet même un petit coucou à ses compères Moore et O'neill et leur ligue. Ellis brasse toute les influences et écrit des histoires cohérentes et divertissantes...mais pas seulement.<br /> <br /> <br /> <br /> La richesse de cette série, tient du fait qu'il y a trois niveaux de lecture de Planetary. La première, ce sont ces récits complets en un seul épisode. La deuxième est qu'on le veuille ou non, cette impression qu'au fur et à mesure toutes ces histoires sont étroitement liées sans trop savoir pourquoi. Et enfin la troisième, concerne Snow, qui est-il ? pourquoi s'engage-t-il dans cette quête ? donc tant de questions...<br /> <br /> Là est la force du récit, Ellis nous emmène avec lui et nous plie à sa vitesse de narration. Il nous transporte, répond à nous questions mais prend son temps et c'est ce qui est rageant d'ailleurs, on ne peut pas faire autrement que de le suivre pas à pas sans broncher.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans la deuxième partie, on passe à la vitesse supérieure et la bd négocie un virage à 180°. Ellis et Cassaday lance l'intrigue des Quatres, l'autre équipe qui peu faire face d'opposé à Planetary. Les deux artistes rendent ainsi un hommage ou un doigt d'ailleurs à Stan Lee et Jack Kirby pour leurs Quatres Fantastiques et leur côté très propre et bonne famille super-héroïque. Là non, nos Quatres sont les monstres les plus horribles du monde. Ils sont supérieurs, suffisants et n'ont guère d'intérêt pour le genre humain par rapport à leurs homologues de chez Marvel. <br /> <br /> <br /> <br /> Donc le lecteur est embarqué dans les deuxièmes et troisièmes parties citées plus haut. Toutes les bizarreries et la mémoire retrouvée de Snow, sont du fait des Quatres et le ton monte au sein de l'organisation. Nous découvrons l'identité du quatrième homme, les origines de Jakita, du Batteur et du quatuor maléfique. Maintenant Planetary devient une force désormais agissante et décide de renverser l'autorité des Quatres. Et petit à petit on rentre dans les derniers épisodes ou Snow and Co pensent que le règne, la médiocrité, la souffrance, les expérimentations, tous les maux apportés par Dowling et sa clique doivent cesser. Là aussi, Ellis fait tomber un à un les méchants de l'histoire et prend par la même occasion une intrigue décompressée et une vitesse "d'exécution" très lente. <br /> <br /> Pas de bagarres épiques comme chez les Marvel ou DC, beaucoup de réflexion chez les protagonistes et leur fin est traitée de manière très intelligente sans basculer dans une violence gratuite ou des pseudos-morts. Pas de ça chez Ellis, une fois que les Quatres sont défaits, on y reviendra pas et cela restera définitif.<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, John Cassaday a droit à sa critique. Rien à redire le dessin est somptueux, magnifique, très photo-réaliste pour les pages intérieures. Les personnages sont donc bien dessinés, pas d'exagération niveau anatomique comme des mâchoires trop carrées avec des corps massifs trop musclés ou des poitrines féminines énormes. On reste dans le domaine du réel, mêmes les monstres comme les fourmis géantes dans l'épisode 8 ressemblent des fourmis que l'on aurait pu voir en photos. Cassaday respecte bien son contrat des charges et dissimule parfois des petits clins d'oeil aux lecteurs avec un Flash en mosaïque, le marteau de Thor, des sigles de Shazam ou le bouclier de Captain America...bref pleins de choses que l'on peut découvrir lors de relectures de l'oeuvre.<br /> <br /> <br /> <br /> Cassaday se laisse plus aller sur les couvertures de son comics. Changeant de style comme des peintures aborigènes, en passant par Steranko, il utilise photoshop pour la composition. Mais aussi des affiches de films comme Armageddon pour la couverture du quatrième volume... bref tout un éventail à sa disposition.<br /> <br /> <br /> <br /> Comme pour Desolation Jones, cette oeuvre mériterait vraiment un succès énorme (chose qu'elle n'a pas encore obtenu) tellement la série est rafraîchissante, unique et qu'elle englobe tous les styles que peuvent brasser la littérature, le cinéma, la bande dessinée. <br /> <br /> <br /> <br /> Deux mots pour résumer Planetary, poésie quantique ou illustré méta-physique. <br /> <br /> <br /> <br /> A vous de choisir et à bon entendeur salut !!!
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